La paroisse Saint Hilaire à Poitiers appartient à l'Archevêché des Eglises de Tradition Russe en Europe Occidentale, Patriarcat de Moscou.
L'Archevêché est placé sous l'omophore de Monseigneur Jean de Doubna
Pour connaître la vie, l'histoire de l'Archevêché, suivre ce lien:
Avant la paroisse.
Il y a depuis longtemps des chrétiens orthodoxes de diverses origines à Poitiers et dans la Vienne. Leur présence est attestée depuis les années 1970, comme les familles russes Lapteff, Skakounov ou encore E. Konovalov, ancien sous-officier cosaque qui a cofondé la section de langue russe à l'Université de Poitiers (une salle y porte d'ailleurs son nom). S'y ajoutaient également quelques Grecs et Serbes isolés et quelques réfugiés politiques roumains. A partir des années 1980 sont arrivés des médecins libanais fuyant la guerre et quelques étudiants grecs. En revanche, comme dans beaucoup de petites villes, les orthodoxes poitevins ont longtemps été isolés et privés de lieu de culte, et par conséquent de vie liturgique et sacramentelle.
Il existait certes à Poitiers une paroisse de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France (ECOF) ainsi qu'un petit monastère à Bois-Aubry (Indre-et-Loire) de ce même diocèse, à l'époque dépendant du Patriarcat de Roumanie. Mais le rite occidental en vigueur dans cette Église ainsi que les sanctions dont son évêque a fait l'objet n'ont pas permis une intégration par ces deux lieux de cultes des orthodoxes d'origine « orientale ».
Les premiers offices célébrés à Poitiers.
En mai 1987, un pèlerinage organisé à l'occasion du 1400e anniversaire de la mort de sainte Radegonde a rassemblé des orthodoxes parisiens, poitevins ainsi que des moniales du monastère de la Transfiguration (situé aujourd'hui à Terrasson, Dordogne). A cette occasion, une première Liturgie orthodoxe a été célébrée en l'église sainte Radegonde à Poitiers par le Père Elie (Ragot), higoumène de ce monastère et chantée par le chœur de la crypte de la cathédrale de la rue Daru (Paris).
Cette même année, une paroisse à vu le jour à Tours (Indre-et-Loire). Du fait de la proximité entre les deux villes, des liens se sont rapidement tissés entre orthodoxes poitevins et tourangeaux, et en septembre 1988, le père Pierre Tchesnakoff, aumônier de la Fraternité Orthodoxe de l'Ouest, le Père Jean Catteloin, de la jeune paroisse de Tours ainsi que le Père Elie ont célébré une deuxième Liturgie à Poitiers, toujours en l'église sainte Radegonde, en présence de fidèles de Tours et de Poitiers.
C'est là que le Père Pierre, constatant la présence d'orthodoxes à Poitiers, a immédiatement demandé au Père Michel Evdokimov, fils du célèbre théologien Paul Evdokimov, de fonder dans cette ville une petite communauté. Le Père Michel, résidant près de Paris, était professeur de littérature comparée à l'Université de Poitiers depuis 1979 et était présent dans cette ville deux jours par semaine.
A la demande de la famille Bonnet (poitevins récemment chrismés par le Père Elie), de Rodica Enea (réfugiée roumaine), d'Eugénie Lamy (d'origine grecque), de Pierre et Serge R., habitant Châtellerault mais étudiant à Poitiers, un premier office de Vêpres a été célébré en janvier 1989 à la maison diocésaine par le Père Michel. A raison d'un office de Vêpres par mois suivi de catéchèse et d'agapes dans une salle de réunion louée à cet effet, une certaine régularité des célébrations -majoritairement en français- a commencé à se mettre en place. Mais le Père Michel ayant déjà sa propre paroisse en région parisienne, était dans l'impossibilité de rester à Poitiers le dimanche pour y célébrer la Liturgie. Cette situation a perduré jusqu'en septembre 1994.
Naissance d'une paroisse.
Deux Liturgies ont cependant pu être célébrées en mars 1993 et en janvier 1994 à Saint-Hilaire-entre-les-églises, près du Baptistère Saint-Jean, par le Père Nicolas Cernokrak, aujourd'hui doyen de l'Institut Saint-Serge à Paris. Entre-temps, la communauté était enregistrée à la Préfecture comme association culturelle et avait pris le nom de Saint Hilaire, évêque de Poitiers et grand défenseur de l'Orthodoxie en Occident au IVe siècle.
La situation a radicalement changé en septembre 1994, lorsque le Père Michel a pris sa retraite. Plus disponible, il a pu venir célébrer la Liturgie une fois par mois à Poitiers, y initiant ainsi pour la première fois une vie liturgique et sacramentelle régulières. Il était assisté par le diacre Jean-Claude Gurnade, aujourd'hui prêtre, qui venait exprès de Bordeaux. Marie Savinkov, cheffe de chœur à Tours, venait également diriger et former les choristes. Le chantre Georges Michalakis assurait quant à lui le chant des matines selon la tradition grecque.
En 1995, des paroissiens de l'ECOF de Poitiers ont décidé de rejoindre la communauté, ce qui l'a considérablement renforcée. Parmi eux, le Père Philippe Maillard, arrivé dans la Vienne en 1990 pour raisons professionnelles avec son épouse Christiane, Marie-Reine Hugot, iconographe et directrice de l'Atelier Sainte Théodora à Azay-le Brûlé (Deux-Sèvres), Joseph Abinader et sa famille, médecin, ainsi que cinq autres paroissiens. Cet apport providentiel a permis de constituer un chœur à quatre voix, comme le veut la tradition russe, et d'avoir un prêtre sur place. Le père Michel, tout en le formant, a progressivement cédé la place au Père Philippe.
A partir de 1997, trois Liturgies dominicales par mois précédées de Vêpres le samedi soir et toutes les grandes fêtes, dont Pâques, ont ainsi pu être célébrées. Jusqu'en 1999, cela avait lieu dans les Eglises sainte Marie Reine-des-Cœurs à Montbernage et à Saint Hilaire-entre-les-églises, fraternellement prêtées par le diocèse catholique. En 1999, la chapelle du collège privé saint Stanislas, où travaillait Michèle Bonnet, a été mise à disposition de la communauté les dimanches et fêtes, mais il fallait à chaque fois ranger les icônes et le tout le matériel liturgique. Un paroisse commençait à se constituer, mais sans lieu de culte lui appartenant.
En février 2000, la communauté recevait l'archevêque Serge (Konovalov) de bienheureuse mémoire. A l'issue de cette première Liturgie pontificale à Poitiers, Mgr Serge a fortement incité la communauté à s'ériger en paroisse -ce qui a été fait en 2001- et à trouver un lieu de culte fixe, malgré les difficultés que cela présentait.
Un lieu de culte pour la nouvelle paroisse.
Les prières des fidèles ont rapidement été exaucées : en 2001, l'archevêque catholique de Poitiers, Mgr Rouet, sachant que les orthodoxes recherchaient depuis longtemps un lieu de culte, a contacté le Père Philippe pour lui dire que la chapelle saint Joseph, située au 77 avenue de la Libération, était disponible pour un euro symbolique. Cette vaste église, construite en 1868, appartenait autrefois aux Petites Sœurs des Pauvres. Désaffectée depuis 1971, elle servait de chapelle pour une maison de retraite attenante, laquelle devait être détruite pour y construire une résidence. L'Eglise catholique disposant déjà de deux lieux de cultes dans le même quartier n'en avait plus besoin. De nombreux travaux étaient cependant nécessaires : installation du chauffage, de l'eau courante, de l'électricité, de lampes, de toilettes, de tapis et à terme du nécessaire à la célébration liturgique : iconostase, lutrins, fresques. Il fallait aussi nettoyer les sols et les murs souillés par des graffitis, le lieu ayant été squatté durant plusieurs années.
En octobre 2002, une première Liturgie y a été célébrée, et en juin 2003, l'eau et l'électricité y ont été installés, ainsi que des tapis, dons de Jacqueline Diot. En 2004, l'Archevêque Gabriel (de Vylder) est venu solennellement consacrer l'église, dotée désormais d'une iconostase, et l'année suivante, Jean-Baptiste Garrigou, de l'atelier saint Jean Damascène (Drôme) et ancien professeur de Marie-Reine Hugot, a réalisé des peintures murales dans l'abside, représentant un Christ en majesté et une Vierge Orante, mariant harmonieusement le style roman poitevin et les canons de l'iconographie byzantine.
En 2011, J.-B. Garrigou a réalisé de nouvelles peintures murales dans le transept avec un groupe d'élèves et de paroissiens. Elles représentent chacune des saints locaux (Radegonde, Martin, Marie de Paris) mais aussi le saint protecteur de chaque pays orthodoxe (Dimitri, Sava, Isaac le Syrien, Nino, Vladimir, etc.), reflétant ainsi le caractère multiethnique de la paroisse. D'importants travaux de rénovation ont également été réalisés (nettoyage et peinture des murs, réparation du clocher).
Une paroisse qui s'est agrandie et qui a changé de visage.
Dans les années 1990, le nombre de fidèles à chaque Liturgie dépassait rarement la vingtaine de personnes. Les choses ont changé à partir des années 2000, surtout lorsque la paroisse a bénéficié d'un lieu de culte et que de nouveaux arrivants s'y sont intégrés, après l'ouverture des frontières des pays d'Europe de l'Est. A partir de 2003, des Géorgiens ont commencé à s'installer à Poitiers, souvent dans une situation très précaire et ne parlant pas le français. Leur nombre n'a cessé de croître jusqu'à nos jours, même si le motif de leur présence en France a changé : au départ, il s'agissait de demandeurs d'asile. Aujourd'hui, ce sont surtout des familles venant se faire soigner au CHU, souvent pour de graves maladies.
A partir de 2013 sont arrivés des Ukrainiens, tandis que le nombre de Roumains s'est lui aussi considérablement accru (étudiants, jeunes travailleurs, médecins...) ; leur intégration étant plus facile du fait de leur connaissance du français et de l'appartenance de leur pays à l'Union européenne. S'y ajoutent aussi des femmes russes mariées à des Français.
Aujourd'hui, la paroisse a bien changé par rapport à ses débuts. A côtés de Français « de souche » venus à l'Orthodoxie par des chemins très divers s'ajoutent des étrangers présents en France depuis longtemps ou récemment arrivés et en cours d'intégration. Les nationalités sont très diverses : Roumains et Géorgiens -en nombre important- Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Serbes, Grecs, Bulgares, Macédoniens, Libanais, Syriens, Ethiopiens...
La paroisse a déployé beaucoup d'efforts pour les intégrer. Administrativement d'abord, en les aidant dans leurs démarches pour obtenir des papiers. Matériellement ensuite, en les secourant ponctuellement. Spirituellement surtout, en les faisant participer à la vie liturgique et paroissiale. Ce n'était pas facile au départ à cause des différences de langue et de traditions (les Géorgiens, par exemple, ont eu des difficultés à s'adapter au nouveau calendrier en usage dans la paroisse). Avec patience et pédagogie, les paroissiens ont su les accueillir, en particulier ceux parlant déjà la langue des nouveaux arrivants.
Aujourd'hui, la composition de la paroisse est très hétérogène, avec des membres aux parcours personnels, aux origines, aux âges et aux milieux sociaux très divers. Pourtant, personne ne se sent exclu. Les offices ont toujours lieu en français, mais le Notre Père est lu dans les langues de toutes les personnes présentes. Lors des dimanches ordinaires, le nombre de fidèles dépasse souvent quarante personnes.
Encadrement liturgique et spirituel.
La paroisse appartient à l'Archevêché des Eglises Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale dépendant du patriarcat de Moscou. Ce diocèse, fondé par des émigrés russes il y a près d'un siècle, était sous l'Omophore du Patriarcat Œcuménique de Constantinople depuis 1931 et avait le statut d'Exarchat depuis 1999. Il a majoritairement rejoint le Patriarcat de Moscou en 2019, suite à la dissolution de l'Exarchat par le Patriarcat Œcuménique en novembre 2018, suivant ainsi son Métropolite-Archevêque, Mgr Jean (Renneteau).
Le Père Philippe Maillard est recteur de la paroisse. Il est également le doyen de la région Val-de-Loire-Poitou. Il est assisté du Père Pierre R., ancien chantre, diacre de 2004 à 2015, puis prêtre depuis cette date, et du diacre Nicolas Petit, ordonné en 2017. Tous les trois sont mariés et pères de famille. Cependant, Père Pierre a quitté le sacerdoce en 2021 et notre Diacre Nicolas a été ordonné prêtre pour la paroisse le dimanche 15 janvier 2023, pour la fête paroissiale, par Monseigneur Syméon.
La paroisse assure tous les offices de la vie liturgique et sacramentelle : Vigiles du samedi soir, Liturgies des dimanches et grandes fêtes, baptêmes, mariages, enterrements, offices pour les défunts, confessions, bénédictions de logis, sacrements des malades, aumônerie en centre pénitentiaire, etc.
Conclusion.
En vingt ans, un petit groupe de cinq ou six personnes se réunissant mensuellement pour des Vêpres dans une petite salle de réunion a laissé la place à une grande paroisse célébrant dimanches et fêtes dans une vaste chapelle lui appartenant, avec deux prêtres et un diacre habitant dans la région. Les fidèles viennent eux aussi parfois d'autres départements : Deux-Sèvres, Charente, Charente-Maritime, etc. Des liens sont tissés avec les paroisses et monastères voisins : Tours, Saintes, Angers, Monastères Saint-Silouane (Sarthe) et de la Transfiguration (Dordogne)...
Malgré tous ces succès, il reste encore beaucoup à faire : travaux, catéchèse, accueil. Il ne faut pas oublier de remercier nos frères catholiques pour leur aide précieuse. Sans leur esprit fraternel, nous n'aurions pas disposé de lieux de culte durant toutes ces années. Mais c'est avant tout dans la prière et la persévérance que tout ceci a pu se faire et pourra continuer, avec l'aide de Dieu.
Le Conseil Paroissial
Monseigneur JEAN, Métropolite de Doubna,
Archevêque des églises orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale
Site sur les Pélerinages Orthodoxes et les Saints en Terre de France:
Téléphone: Recteur, 06 71 92 50 21